Le mot du président

L’Europe est un projet civilisationnel extraordinaire
Qu’on y pense : C’est la première fois qu’un ensemble géographique de la taille d’un empire se construit par adhésion et non par invasion.
Car au delà d’une culture commune, depuis l’antiquité, s’est établie au fil des siècles, une convergence évidente de civilisation. Malgré les frontières et le cloisonnement politique, le voyageur de tourisme ou d’affaires se sent chez lui aussi bien à Rome qu’à Dublin, à Copenhague qu’à Séville ou à Athènes. Les fondements artistiques et architecturaux, les valeurs culturelles, les droits de l’homme, la défense des libertés, les règles de l’amour, de la vie, de la mort sont partout les mêmes.
C’est bien une civilisation commune qui nous unit.

Et pourtant après des débuts vraiment enthousiasmants, l’Europe politique patine. Il semble bien que nous soyons bloqués, que quelque chose nous empêche d’avancer, d’aller plus loin ensemble.

Certains disent que c’est parce que l’Europe est trop bureaucratique, trop économique, trop centralisée, pas assez politique. Peut-être…

Notre conviction, à Europa Lingua, c’est qu’il manque une chose fondamentale à l’Europe.
Quelque chose que toutes les Nations en construction ont imposé, parfois de force, à leurs populations pour obtenir l’unité, quelque chose tellement indispensable que les pays qui ne l’ont pas sont menacés d’explosion constamment. Ce quelque chose, c’est une langue commune.

On ne peut pas unifier un peuple sans une langue commune.

Si on veut unifier l’Europe, donc, il nous faut une langue commune mais qui ne soit pas l’anglais, qui ne soit aucune langue des Etats d’Europe non plus.

Cette langue européenne n’existe pas encore.
Et si on était ambitieux ? Et si on la construisait !

Ridicule ? Peut-être… Et alors ? Tant mieux. Toutes les grandes idées ont, paraît-il, été jugées d’abord ridicules puis dangereuses avant de devenir évidentes.

Construire une langue, c’est possible. La preuve, ça s’est déjà fait dans l’histoire : l’arabe littéraire est une langue construite; le swahili, langue officielle de plusieurs états africains, notamment de la Tanzanie et du Kenya, est une langue construite; l’hébreu moderne est une langue construite. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elles marchent !

Alors pourquoi pas nous, en Europe.

Quel serait le cahier des charges ? Il nous faudrait :

  • Construire une langue-synthèse des langues européennes sans en privilégier aucune.
  • Construire une langue commune mais pas unique
  • Construire une langue égalitaire entre les hommes et les femmes
  • Construire une langue représentative de notre Histoire, ayant donc des racines grecques et latin- e,
  • Construire une langue facile, à apprendre, à lire, à prononcer, et d’une compréhension immédiate

A quoi pourrait ressembler cette langue, qu’on pourrait appeler Europeo ?
Peut-être à ça :

Civilization european es extraordinar,
ma necessita un lingua comun. It es possible !
Li Union European deve far li maximum
por crear e adoptar este lingua
e por que alle citizens parla este lingua.
Por Europa, un lingua comun es l’ultima ambition.

Necessita un traduction ?

Ce n’est pas notre langue et pourtant on sent, sans pouvoir expliquer précisément pourquoi, que c’est tout de même notre langue. Car en fait c’est plus qu’une langue, c’est un patrimoine commun et c’est ça qui devrait définir la langue européenne.

Vous l’aurez compris, que ce soit l’Europeo ou une autre langue construite (on peut penser par exemple à l’interlingue ou à l’interlingua, deux langues construites qui pourraient être de très bonnes bases), avoir de l’ambition pour l’Europe aujourd’hui, c’est oser affirmer qu’il est possible d’imaginer une langue commune et de la mettre en place avec le travail de linguistes bien sûr, et que c’est grâce à elle seulement qu’on pourra construire une véritable unité en Europe.

Anthony Bleton-Martin,
Président d’Europa Lingua