Les 7 familles d’opposants à une langue commune en Europe

Étudiant en 4e année à Sciences po Lyon Membre fondateur d'Europa Lingua Franco-britannique Européen convaincu.
Les 7 familles d’opposants à une langue commune en Europe Posted on 4 July, 2018Leave a comment
Étudiant en 4e année à Sciences po Lyon Membre fondateur d'Europa Lingua Franco-britannique Européen convaincu.

Le projet d’Europa Lingua est de favoriser la mise en place d’une langue commune en Europe. Les préjugés sont nombreux et ont la peau dure, ainsi notre principal obstacle est l’absence de cette question dans le débat public. Notre travail en tant que think tank est de produire et diffuser des connaissances, afin de convaincre la vaste majorité de la population qui ignorent ou s’opposent à une langue commune en Europe.
Nous avons donc tenté de regrouper ces antagonismes en 7 familles :

1. Les anglophones natifs

Ils profitent de l’avantage énorme que leur apporte l’hégémonie de leur langue en Europe : ils n’ont donc aucun intérêt personnel à ce qu’une langue commune soit mise en place. Malgré tout, pour que l’Europe politique et culturelle puisse se développer, il faut que les européens dépassent les logiques individualistes pour adopter celle du bien commun.

2. Les souverainistes

L’Europe des nations est une vieille idée qui domine encore l’Europe et les souverainistes sont légion dans la vie politique des grands pays du continent.
Ils soutiennent ainsi une politique nationaliste en Europe et pensent que la langue de leur pays peut encore s’imposer comme lingua franca.

Ces idées ont connu un second souffle avec le Brexit, car l’hégémonie de l’anglais est vouée à être remise en cause par ce bouleversement politique. La concurrence grandissante entre la Grande Bretagne et les grands d’Europe, notamment la France et l’Allemagne. Il n’est donc pas étonnant de voir émerger dans les média nationaux des articles sur le retour du français, de l’allemand voire même du latin dans les institutions européennes.

De nouveau, le bien commun est mis de côté pour l’intérêt d’un pays et cette logique est un frein au développement de l’Union.

3. Les champions de la “LV2 anglais”

Ce sont les anglophones non natifs qui ont passé un temps conséquent à apprendre l’anglais. Ils ne veulent pas renoncer à l’avantage que leur confère leur investissement dans la l’apprentissage de la langue hégémonique, notamment sur le marché du travail.

La maîtrise de l’anglais est un atout considérable qui fait partie intégrante du cursus des grandes écoles et des formations professionnelles. Mais cet état de fait entraîne des inégalités dans la communication avec le reste de population qui n’a pas les moyens d’investir dans l’anglais. La communication en Europe se doit d’être égalitaire, et ce n’est pas nous qui le disons mais bien l’union Européenne.

4. Les avocats du multilinguisme

Ils sont éminents linguistes, traducteurs, ou tout simplement polyglottes et citent à tout va Umberto Eco : “ La langue de l’Union Européenne, c’est la traduction”. L’Union Européenne défend d’ailleurs ce principe puisqu’elle promeut une politique linguistique favorisant l’apprentissage de deux langues maternelles. Déférence gardée à ces pontes de la linguistiques, mais nous pensons qu’ils se mettent le doigt dans l’oeil.

En effet, le multilinguisme est une belle idée… en principe : il est égalitaire et célèbre le multiculturalisme, mais il n’est absolument pas effectif puisqu’au final e c’est l’anglais qui domine les débats. Le multilinguisme actuel de l’Union Européenne revient à conforter l’hégémonie d’une langue et d’une culture, sur le reste de l’Europe.

5. Les technophiles paresseux

Un autre argument en vogue depuis quelques années : “ Le futur de la communication, c’est la traduction instantanée!”. Ils anticipent le progrès technologique des intelligences artificielles qui permettrait une traduction immédiate sur un appareil mobile, sans faire d’effort.

Il y a deux problèmes majeurs dans ce scénario :
Tout d’abord, il est basé sur une anticipation. Nous ne pouvons pas prier pour que le miracle technologique permette de sauver l’Europe. Les enjeux sont trop importants pour que l’on base le futur de l’Union Européenne sur une hypothèse.
Ensuite, la traduction permet un simple échange d’information, elle ne permet pas le rapprochement qu’induit une langue. Nous ne devrions pas avoir besoin d’une interface pour pouvoir communiquer, nous avons aussi besoin de références communes que permet le langage commun. Le langage est le dénominateur commun de toute culture, elle permet de créer une conception commune du monde.

Nous avons besoin d’une initiative, d’un mouvement, d’un vent de fraîcheur pour l’Europe. Nous n’avons pas besoin d’attendre que le miracle technologique ou économique pour relancer l’union politique et culturelle.

6. Les pragmatiques jusqu’au bout des ongles

“ L’espéranto a échoué, quel est l’intérêt d’essayer”, “C’est utopique”, “Ça parait bien, mais c’est irréalisable” . Nous préférons la citation de notre très lyonnais Edouard Herriot : “Une utopie est une réalité en puissance”. Ou pour citer un dicton populaire à Europa Lingua :
: “ Toute idée ambitieuse est d’abord jugée folle, puis dangereuse et enfin évidente”.

Nous ne basons pas nos ambitions uniquement sur l’idée d’un futur meilleur, nous sommes convaincus d’avoir des arguments pour une langue commune. D’un point de vue très pragmatique, une langue commune induirait des retombées économiques conséquentes, et des avancées politiques considérables.
Notre objectif peut sembler farfelu, mais cet état de fait n’est pas lié à ses ambitions intrinsèques mais plutôot au silence médiatique et politique autours de la question.
Notre but, en tant que think tank est de produire et regrouper des connaissances, pour que l’idée d’une langue commune soit connue du public.

7. La grande majorité qui ignore la question ou est résignée à l’hégémonie de l’anglais

Il suffit de jeter un coup d’oeil au livre blanc de l’Union Européenne, qui a pour fonction de déterminer les enjeux du futur de l’Europe et dans laquelle le sujet de la langue n’est mentionnée nulle part, pour se rendre compte du désintérêt général pour la question. Cela est grandement lié au manque d’information et d’acteurs s’exprimant sur le sujet, et nous avons l’ambition de relancer ce débat.

Ainsi notre démarche n’est évidemment pas de culpabiliser les familles d’opposants, mais d’essayer d’informer le public sur la situation, et changer les mentalités pour que l’on adopte une logique du bien commun.
Pour prendre mon exemple dans l’équipe d’Europa Lingua, je ne m’étais jamais intéressé à la question de la langue européenne avant de travailler pour le think tank. Étant à moitié britannique, j’avais tout intérêt à conserver l’avantage que me conférait l’anglais sur de nombreux domaines. Malgré tout, j’ai été convaincu des vertus du projet et je pense sincèrement que l’avenir de l’Europe pourrait passer par un projet de la sorte. Il faut, pour que l’Europe avance, oublier les logiques court-termistes et individualistes : l’Europe est un projet ambitieux, et il faudrait que nous le commencions nous aussi à le devenir.

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